Classification et localisations des différents types d’endométriose

 Une lésion endo est une sorte de tumeur bénigne (en opposition à une tumeur maligne qui est cancéreuse) de cellules ressemblant à de l’endomètre, une forme de mutation de l’endomètre.

Une terminologie Internationale a été fixée en 2021, car les spécialistes de l’endométriose ne donnaient pas tous la même définition :

 La définition officielle et Internationale de l’endométriose est « une maladie caractérisée par la présence d’épithélium et ou de stroma SEMBLABLE à de l’endomètre en dehors de l’endomètre et du myomètre, généralement associée à un processus inflammatoire ».

Pourtant, je constate qu’en France de nombreux articles et sites de professionnels de santé continuent encore en 2025 de véhiculer que l’endométriose c’est « du tissu utérin en dehors de l’utérus ».

 Le docteur Kathleen King, Présidente de l’association « Endometriosis Association of Irland », disait à Marie-Rose Galès que les différences subtiles de langage peuvent faire la différence. « Décrire l’endométriose comme étant originaire de l’utérus a conduit de nombreuses femmes à avoir leur utérus enlevé dans une tentative futile d’arrêter la maladie ».

Je détaille volontairement les différentes  localisations et types d’endométriose, car la plupart des femmes que je soigne arrivent avec leur diagnostic, compte rendu d’IRM et/ou d’échographie et n’ont pas vraiment compris ce qu’elles avaient et sont un peu perdues.

1. Classification des différents types d’endométriose

Aujourd’hui on ne classifie plus les endométrioses en « stades » I – II – III – IV qui correspondent à un score prédictif de la fertilité. 

Ce classement à ses limites car il ne prend pas en compte les atteintes en dehors du pelvis.

On considère de plus en plus l’endométriose comme un ensemble de sous pathologies avec des pathogénèses, qui ne se détectent pas avec les mêmes outils de diagnostic et devront être traitées différemment en fonction de leurs propres caractéristiques.

Il faut noter que la douleur n’est pas proportionnelle à la taille des lésions : on peut avoir de toutes petites lésions et souffrir le martyre, et de grosses lésions et ne pas avoir mal. 

En 2023 une équipe aux USA(1a répertorié trois types d’endométriose après analyse de 375 articles scientifiques :

  • l’endométriose péritonéale ou superficielle
  •  les endométriomes ou kystes de l’ovaire
  •  et l’endométriose profonde. 

 La classification du docteur Seckin (2-3) parle de l’endométriose péritonéale, l’endométriome chocolat, et l’endométriose profonde avec 2 niveaux :

  • profonde infiltrante caractérisée par une infiltration de la vessie et la paroi intestinale ; 
  • et dendométriose profonde nodulaire fibreuse qui va plutôt toucher les cul-de-sac de Douglas, la paroi recto vaginale et les ligaments utéro-sacrés, sans forcément envahir les parois intestinales et la vessie. 
  • Et enfin le pelvis gelé (« frozen pelvis ») la pire forme d’endométriose. Elle cumule tout, se développe une fibrose à haute densité. Les organes sont pris dans une toile d’araignée. L’inflammation entraîne la formation d’adhérences.  Cela peut entraîner de nombreuses douleurs, puisque le bassin de la personne atteinte est figé ; les tissus mous devenant une fibrose très dense, les organes du pelvis sont collés entre eux, mêlant nerfs, ligaments et tissus musculaires. Marie-Rose Galès dit d’ailleurs dans son livre que “c’est un peu comme si la Reine des Neiges avait abusé de son pouvoir dans votre pelvis et vous ne vous en retrouvez pas « libérée délivrée », loin de là…. »
 

2. Les différents types d'endométriose

  •  Superficielles ou péritonéales : la présence d’implants de cellules semblables à l’endomètre localisées à la surface du péritoine (la membrane qui entoure nos organes dans le ventre), souvent invisibles sur les images médicales, infiltrent moins de 5 mm sous la surface pelvienne.
  • Ovarienne : l’endométriome ovarien est un kyste de l’ovaire caractérisé par son contenu liquidien couleur chocolat (on parle de kystes chocolat). Les premières descriptions dans la littérature scientifique des kystes d’endométriose ont lieu à la fin du 19ème siècle,  on leur donne déjà à l’époque le nom de « kystes chocolat » ou bien d’« hématomes de l’ovaire ». La première observation d’un « ovaire contenant de la muqueuse utérine » est publiée par Russel en 1899.
  • Profonde ou sous péritonéale : correspond aux lésions qui s’infiltrent en profondeur à plus de 5 mm sous la surface du péritoine. 
  • Endométriose extra pelvienne: diaphragmatique ou thoracique notamment, ou pariétale (de la paroi abdominale). 

3. Les différentes localisations

L’endométriose peut se loger n’importe où !

  • Endométriose pelvienne = dans le petit bassin : 
    • Péritoine (enveloppe qui englobe les organes)
    • Paroi recto-vaginale (cloison entre rectum et vagin) 
    • Cul-de-sac de Douglas
    • Ligaments utéro-sacrés (« LUS » sur les comptes rendus IRM)
    • Endométriome ovarien 
    • Endométriose des voies urinaires et uretère (canal qui conduit l’urine des reins à la vessie )
    • mais aussi sur les cicatrices (épisiotomies, césarienne, hystérectomie)
 
 
 
 
 
  • Extra Pelvienne = en dehors du petit bassin
    • Endométriose intestinale souvent à la surface de l’intestin au niveau du sigmoïde ou du rectum et parfois s’infiltre. Se retrouve chez près d’un tiers des endométriosiques.
    • Thoracique
    • Diaphragmatique : les cas sont plus rares. L’endométriose atteint le muscle surtout du côté droit, se joindront des douleurs à l’épaule (le plus souvent à droite) thorax, pendant les règles. Avec irradiations dans le cou, le bras, cela peut donner un pneumothorax cataménial (déclenché par les menstruations)
    • Pariétale
    • Ombilicale
    • Rénale
    • Parfois au niveau des poumons, du cerveau, sinus, articulations
 
 

4. L'adénomyose

Historiquement, on ne faisait pas le distingo entre les deux pathologies adénomyose et endométriose.

Il existe depuis l’Antiquité une description symptomatologique de ces maladies avec une infertilité et des douleurs abdominales lors des menstruations.

L’adénomyose est « la cousine de l’endométriose »(3)

Ce terme est introduit en 1925 par Franckl, il créé le nom d’adénomyose (« adenomyosis uteri ») pour décrire l’invasion de la muqueuse utérine dans le muscle utérin.

En 2021, au sein de la terminologie Internationale de l’endométriose, l’adénomyose a été définie comme  » la présence de tissu endométrial (muqueuse tapisse l’intérieur de l’utérus) ectopique dans le myomètre (muscle utérin), mais de ne pas la considérer comme une forme d’endométriose. » 

 

 Auparavant, l’adénomyose était une pathologie fréquente que les médecins attribuaient au vieillissement normal de l’utérus, associée aux patientes multipares (ayant eu plusieurs grossesses) de plus de 40 ans, présentant des saignements anormaux et conduisant souvent à une ablation chirurgicale de l’utérus (hystérectomie).

Désormais, quand elle est retrouvée chez des jeunes femmes et personnes menstruées, l’adénomyose est considérée comme une forme d’endométriose.

Récemment, des études ont révélé la présence d’adénomyose chez 30 à 60 % des personnes atteintes d’endométriose (4):

La plupart des femmes atteintes d’endométriose ne
sont pas atteintes d’adénomyose, mais au contraire la plupart des femmes
atteintes d’adénomyose ont également une endométriose.

Aujourd’hui, les avancées technologiques en imagerie médicale, telles que l’échographie endovaginale (EEV) ou l’imagerie par résonance magnétique (IRM), permettent de diagnostiquer l’adénomyose avec une excellente sensibilité et spécificité.