En savoir plus sur l’adénomyose

En savoir plus sur les origines de l’adénomyose, les probables causes, les différentes localisations et les traitements proposés au niveau médical et la prise en charge en ostéopathie.

Découverte et terminologie de l'adénomyose

Historiquement, on ne faisait pas le distinguo entre les deux pathologies adénomyose et endométriose.

En 1860 le pathologiste Carl Von Rokitansky observe des lésions dans le myomètre, pathologie qui sera plus tard appelée adénomyose.

Il  émet également la supposition qu’il est possible de trouver des lésions sur les ovaires et l’utérus, décrivant alors l’endométriose. 

À l’époque, Rokitansky regroupe toutes  ces pathologies sous le seul nom d’«adenomyoma».

Le terme d’adénomyose est introduit en 1925 par Franckl, il créé «l’adenomyosis uteri » pour décrire l’invasion de la muqueuse utérine dans le muscle utérin.

En 2021, au sein de le terminologie Internationale de l’endométriose se posait la question de savoir si l’adénomyose est de  l’endométriose. Il a été défini ce qui suit : «l’adénomyose est de la présence de tissu endométrial(muqueuse qui tapisse l’intérieur de l’utérus) ectopique  dans le myomètre (muscle utérin) », mais ne pas la considérer comme une forme d’endométriose. (2) 

Il a été prouvé que l’ endométriose et l’adénomyose ont des voies pathogènes et des signes cliniques différents. 

Marie Rose GALES dans son livre, l’a nommée comme étant « la cousine de l’endométriose » (1) 

Auparavant, l’adénomyose était associée aux patientes multipares (ayant eu plusieurs grossesses), de plus de 40 ans présentant des saignements anormaux, conduisant souvent à une ablation chirurgicale de l’utérus (hystérectomie).

Désormais retrouvée chez des jeunes femmes et personnes menstruées, l’adénomyose est considérée dans ce cas comme une forme d’endométriose.

À ce jour, environ 30 % des femmes en âge de procréer, présentant des saignements anormaux, des douleurs pelviennes, ou souffrant d’infertilité, reçoivent un diagnostic d’adénomyose. 

Des données d’imagerie et des constatations histologiques indiquent souvent une association de l’adénomyose avec d’autres
pathologies gynécologiques telles que l’endométriose, les fibromes utérins, les
polypes endométriaux, ou encore l’hyperplasie endométriale.

 Récemment,
des études ont révélé la présence d’adénomyose chez 30 à 60 % des personnes
atteintes d’endométriose.(3)

La plupart des femmes atteintes d’endométriose ne
sont pas atteintes d’adénomyose mais au contraire la plupart des femmes
atteintes d’adénomyose ont également une endométriose.

EN SAVOIR PLUS  : 

3. « L’adénomyose est moins répandue que l’endométriose » par P. Santulli dans « Idées reçues sur
l’endométriose, Editions Le Cavalier bleu, avril 2024. 

Causes probables et différentes formes

 Tout comme l’endométriose, la pathogénèse est loin d’être élucidée, il n’y a aucune certitude mais il y a deux théories pour définir la cause : 

  • La théorie de l’invagination les cellules de l’endomètre  infiltreraient le muscle utérin (myomètre) au niveau de la zone de jonction myomètre-endomètre et activeraient le mécanisme de cicatrisation (sur le schéma = A).
 
  • La théorie métaplasique : la métaplasie au niveau du myomètre des cellules souches ( schéma =C) ou les reliquats Mülleriens (schéma= B) .
 
Et comme pour l’endométriose, il semblerait que plusieurs mécanismes pathogéniques interagissent ensemble quant au développement des lésions d’adénomyose : se sont des facteurs hormonaux , génétiques et immunitaires.

 Cependant tout comme l’endométriose, il est difficile de faire une classification satisfaisante des différentes formes d’adénomyose, on parle d’adénomyose :

  • focale: un ou quelques foyers localisés sur le myomètre
  • diffuse: on retrouve de nombreux foyers disséminés sur une partie du myomètre, voire sur l’utérus en entier, plus sévère et difficile à traiter
  • externe: quand l’endométriose pelvienne profonde vient infiltrer le myomètre
 

On parle également d’adénomyose :

  • superficielle: qui n’envahit que les premières couches du muscle utérin
  • profonde: infiltration profonde du myomètre

Symptômes de l'adénomyose

 L’adénomyose est asymptomatique dans environ 1/3 des cas, ses lésions saignent tous les mois sous l’effet des variations hormonales du cycle menstruel. Il y a une hypertrophie et inflammation des tissus environnants.  Quand elle est symptomatique elle peut entraîner :

  • des règles hémorragiques: (ménorragies) chez la moitié des femmes qui ont une adénomyose. C’est-à-dire des règles abondantes et longues, plus de sept jours avec perte de sang importante.
  • des règles douloureuses: dues aux contractions de l’utérus (dysménorrhées), chez environ 1/3 des femmes. Mais elles peuvent avoir ces douleurs en dehors de cette période.
  • des saignements entre les règles: (métrorragies) une femme sur 5. 
  • dyspareunies: similaires à celles causées par l’endométriose, avec des douleurs au niveau du bas ventre et il y a des saignements utérins anormaux en cas d’adénomyose.
  • une pesanteur, congestion pelvienne:
  • des causes d’infertilité: l’adénomyose peut en effet diminuer le taux d’implantation embryonnaire et augmenter le risque de fausse couche spontanée(6)
  • douleurs: dans les jambes , bas du dos, abdominales , intestinales.
  • fatigue

Diagnostic de l'adénomyose

 Généralement le diagnostic d’une adénomyose se fait grâce à :

  • une échographie pelvienne: souvent par voie endo vaginale (EEV) car elle est plus précise , en deuxième partie de cycle. Elle permet de détecter les éventuels signes d’adénomyose tels que : taille de l’utérus augmentée, la paroi de l’utérus asymétrique, le myomètre enflammé ou épaissi, avec et/ou une pathologie associée : endométriose externe, fibrome utérin.
  • IRM Pelvienne: examen de deuxième intention à faire de préférence en dehors du cycle pour compléter le diagnostic, si on pense qu’il y a une endométriose associée.
  • une biopsie du muscle utérin(prélèvement) permet d’établir le diagnostic définitif d’adénomyose dans les faits, mais les signes échographiques qui lui sont généralement propres, une écho suffit à poser le diagnostic.
  • une hystéroscopie diagnostique n’a pas de valeur ajoutée, elle est plutôt pratiquée dans le cas d’un bilan d’infertilité .
 

Prise en charge

EN L’ABSENCE DE PROJET DE GROSSESSE

 une adénomyose symptomatique sera traitée :

  •  par une contraception avec une pilule en continu qui stoppe les règles et permet une atrophie de l’endomètre
  •  ou 1DIU(Dispositif Intra Utérin) hormonal directement déposé dans l’utérus.
  •  une ménopause artificielle, qui ne peut pas être envisagée sur le long terme, car au bout de 6 mois, il y a un risque d’ostéoporose irréversible. On y ajoute une » add-back thérapie » : une réintroduction à très faible dose d’œstrogènes pour ne pas développer de l’ostéoporose, et atténuer les effets secondaires.
  •  une hystérectomie : traitement radical, qui n’est envisagé qu’en dernier recours. Si  il y a de l’endométriose associée l’hystérectomie ne sera pas suffisante.

EN CAS DE PROJET DE GROSSESSE :

  • un traitement médical en cas d’adénomyose diffuse : progestatif in utéro ou agoniste du GN- HRH.
  • un traitement chirurgical(résection) en cas d’adénomyose focale.
  • et ménopause artificielle en court terme chez la jeune femme qui a un projet de grossesse et dont l’adénomyose l’empêche de tomber enceinte.
 
 
 
 
 
 
 
 

Adénomyose et ostéopathie

L’ostéopathie n’aura pas d’action sur la pathologie en elle-même de l’utérus, mais sera bénéfique au niveau de ses symptômes.

Comme les dyspareunies, dysménorrhées, douleurs lombaires, pollakiuries, douleurs intestinales, congestion pelvienne. 

En effet, l’utérus étant plus volumineux et congestionné, il pourra appuyer fortement sur la vessie. Ou inversement, si il est rétroversé, comprimer le rectum, ou incliné sur le coté appuyer sur le sigmoïde (partie terminale du colon). 

L’utérus, du fait de sa congestion et de son poids, sur-sollicite en arrière ses amarres : les ligaments utéro-sacrés. Ils s’insèrent sur le sacrum et vont jusqu’à la jonction cervicovaginale (cf anatomie). Il en résultera des lombalgies basses, et une congestion pelvienne.

Lui redonner de la mobilité, fera que les règles seront moins, voire plus douloureuses. Il n’aura plus besoin de « forcer » en se contractant pour expulser le sang des règles. Il y aura également une nette diminution, voire disparition des dyspareunies.

C’est sans compter sur les adhérences qui se seront formées avec les viscères avoisinants :

  • avec la vessie
  • l’intestin grêle
  • le sigmoïde
  • le rectum

 

Nous aurons une action très bénéfique en assouplissant ces adhérences, cela soulagera :

  • la pollakiurie (aller uriner très souvent) ou les douleurs en urinant
  • les douleurs intestinales, rectales et coliques
  • la congestion pelvienne 
  • la lombalgie
  • les dyspareunies
 

 EN SAVOIR PLUS :

 7.  Site ENDOFRANCE 

 8.  IFEM Endo Bordeaux 

« Tous droits réservés© ». Si cet article vous a plus, vous pouvez le partager dans son intégralité en précisant la source et l’auteur.

Les autres articles :

Causes possibles de l’endométriose

Une partie des experts estime que l’origine de l’endométriose serait multifactorielle, avec des facteurs génétiques, immunologiques et hormonaux.

Il est important de connaître les différentes théories  de déclenchement de l’endométriose (théories de menstruation rétrograde, embryologique, métaplasique, de dissémination)

Read More

Et l’ostéopathie dans tout ça ?

« Dans un monde idéal, une intervention ostéopathique dans les 48 heures après la naissance est essentielle. Les premiers jours sont déterminants, notamment pour l’allaitement. Un trouble de la succion constitue une urgence pédiatrique en ostéopathie, pouvant être lié à un manque de vitalité, un trouble postural ou un frein lingual restrictif…

Read More