« Tu es femme, tu es forte parce que tu n’es pas constante parce que le rythme du changement est le rythme de l’univers. » Extrait de Lune Rouge de Miranda Gray
« Trucs , machins, bidules , ragnagnas, les anglais débarquent, règles » autant de mots ou de concepts masculins pour décrire ce temps précieux qu’est «le temps des Lunes » comme le nomment les Amérindiens.
Sans compter les réflexions que nous avons toutes entendues au moment de notre adolescence lors de nos premières règles :
« ma pauvre fille ! t’en prends pour trente ans, quelle galère ! , fini la tranquillité !, bonjour l’angoisse !, c’est le début des emmerdes…..etc »
Ou pire encore, un silence intersidéral, sous tendu par le coté tabou de cet événement : surtout « on ne dit rien » des fois que cet événement passerait inaperçu dans la vie d’une femme.
A en croire ces propos dits ou non-dits, être une femme devient tout à coup une sentence, une punition, un lourd fardeau : les ennuis commencent quoi !
Qui aujourd’hui est fière de devenir une femme ?
Dès lors que nous avons nos règles, le corps de la femme est alors sous haute surveillance médicale, avec un calendrier bien établi, car ce corps de femme peut vite devenir UN PROBLEME !
Et le pire s’est que nous en sommes persuadées.
Nous ne nous intéressons pas à notre cycle et nous faisons tout pour le dissimuler, le supprimer.
Il disparaît souvent sous la camisole chimique de la contraception dès nos premières règles.
Mais de nos jours si ce cycle est telle une plaie, alors qu’on en finisse : TRANSFORMONS NOUS TOUTES EN HOMME !
Pour autant, ce qu’on oublie et que l’on ne nous dit surtout pas : c’est que contrairement à beaucoup de croyances, une femme devient une femme le jour de ses premières lunes et pas le jour où elle devient mère.
Il fut un temps lointain dans de nombreuses civilisations, les premières lunes étaient célébrées par tout le village, la jeune fille était vénérée par tout son peuple car elle devenait potentiellement Porteuse de Vie !
Une fête était organisée pour marquer ce « pas-sage »de vie.
Toucher cette jeune femme qui venait d’avoir ses lunes portait chance et bonheur.
Quelle merveille !
Tout comme le savoir, les connaissances et les secrets de femmes, étaient transmis par les femmes sages d’expériences ou femmes dites ménopausées.
Parlez de la ménopause aux femmes aujourd’hui. C’est une image dégradante aux yeux de la société et à LEURS yeux !
Le plus souvent, elles se sentent « bonnes au rebut » car plus productives . Les seuls rôles où elles ont été reconnues et où la société leur a laissé une place pendant des milliers d’années : c’est d’être mère et « épouse de ».
La ménopause arrivant, ne pouvant plus être mère, alors elles croient qu’elles ne sont plus rien. C’est la fin de la vie de femme, de la sexualité, la fin de la vie tout court , alors qu’il nous reste autant d’années à vivre que nous venons de passer au son de notre rythme cyclique !
C’est bien mal connaître le potentiel du féminin que de donner du crédit, voire de s’identifier à de telles croyances.
Mais malheureusement, aussi identifiée à leur rôle de mère certaines femmes utilisent ce pouvoir de mère à l’inverse pour exprimer et exercer une toute puissance totalitariste dévastatrice pour leur entourage et leur progéniture, en ne passant pas à autre chose. La ménopause est l’âge de la sagesse, de la transmission de nos connaissances et expériences de vie à notre entourage.
Depuis seulement cinq millénaires notre société est devenue patriarcale, la menstruation est alors devenue impure et profane, voire même diabolisée, ou tabou. Croyances construites sur notre éducation religieuse et sociétale.
De nos jours, nos règles ne doivent en aucun cas arrêter la course effrénée de notre vie moderne qui est toujours sur un mode linéaire : la femme parfaite, toujours en forme, toujours souriante, toujours toujours, toujours plus !
Et surtout toujours toujours LA MÊME !
Sous camisole chimique, une grande majorité de femmes sont sexuellement linéaires : toujours la même envie (quand il leur en reste) , toujours la même pratique. Tout le monde, hommes et femmes s’organisent autour de cette linéarité qu’ils croient normale : mais que c’est ennuyeux !
La femme reste alors sur le même rythme de vie, quelque soit le moment de son cycle.
« On ne peut pas prétendre mettre un tampon , porter un costume d’homme et appeler cela le pouvoir du féminin »Brooke Medecine Eagle.
Or, c’est là où le bas blesse, car à l’intérieur de notre corps le rythme en est tout autre.
Nous sommes linéaires à l’extérieur , alors qu’à l’intérieur c’est une roue des quatre saisons qui se succèdent.
Lors d’un cycle menstruel sans camisole chimique, les fluctuations hormonales font que nous alternons 4 cycles des saisons intérieures qui se succèdent équivalentes au printemps-été-automne-hiver , en lien avec les 4 éléments de la médecine chinoise (bois-feu-métal-eau) ou des 4 directions en médecine Amérindienne (nord-est-sud-ouest) et des 4 phases de la lune (pleine, décroissante, noire, croissante) .
Nous sommes donc comme la lune de nature cyclique.
De ces quatre phases en découlent quatre archétypes féminins qui nous habitent, qui s’enchaînent et se succèdent tout au long du cycle : la vierge, la mère, l’enchanteresse, la sorcière comme le décrit Miranda Gray dans son livre « Lune Rouge » .
Quatre énergies bien distinctes, quatre femmes différentes .
Nous sommes changeantes : nous sommes pluri-elles.
Quatre femmes différentes pour le prix d’une , se sont nos compagnons qui devraient se réjouir !
Au travers de ces phases, la femme ne sera pas sur le même rythme de vie, de partage, de parfum, de vêtements, d’envie et d’appétit sexuel, de créativité, extravertie ou introvertie, sociable ou non.
Bien souvent, par manque de connaissance de ces archétypes nous sommes dominées, dirigées ou identifiées à une ou deux de ces énergies : la jeune fille et la mère ( trop de sécrétion d’œstrogène ++++)
Certaines n’ont pas leur place dans notre société moderne : elles sont passées aux oubliettes comme l’enchanteresse et la sorcière (peu de sécrétion de progestérone du coup). Et nous sommes complices de cela.
Pour survivre et s’adapter à cette société patriarcale, la femme a développé des caractéristiques masculines sur un modèle linéaire.
Elle s’est déconnectée de ses rythmes internes, linéaire à l’extérieur et cyclique à l’intérieur. Commence une longue lutte, c’est l’épuisement général : la pathologie gynéco ou le burn out qui la guette, mais bien souvent les deux.
La femme s’est déphasée.
En prenant conscience de sa cyclicité, en respectant ses rythmes internes qui se succèdent pendant son cycle menstruel, la femme peut y puiser une grande force d’action et de ressourcement. Elle apprend à se connaître et se relie à son essence de femme sauvage.
Elle arrête de courir après des illusions, se respecte et redevient créatrice de sa vie, loin de la compétitivité de la vie moderne :
elle y retrouve sa vitalité et la bonne santé.
Reliée au cycle lunaire , la femme est donc reliée aux grands rythme de l’univers !
Elle est naturellement connectée à ce qui l’entoure : la nature, les animaux, les minéraux.
S’est pour cette raison que de tous temps, elle a pris soin de la terre, des plantations, des récoltes , de LA VIE !
Coupées de ses rythme internes depuis plusieurs générations, elle s’est coupée de son essence, de son instinct, de son intuition, de son intériorisation, sa créativité de femme. De ses qualités qui lui sont propres, qui la nourrissent et caractérisent profondément son âme de Femme.
Coupée de sa nature, elle n’est plus en contact avec la nature, elle n’en prend plus soin et ne prend plus soin d’elle-même.
Le dérèglement planétaire est intimement lié au dérèglement interne du cycle de la femme : car ils sont inter-reliés.
En reprenant conscience de la richesse de notre cyclicité, et en la vivant pleinement, nous ne pouvons plus nous laisser persuader par l’environnement que ce corps de femme est un problème.
Quel que soit son âge, c’est un privilège que de vivre cette cyclicité : c’est comme un voyage qui nous mène à la connaissance de soi, le respect, le retour du féminin et du masculin sacrés et de la sexualité sacrée.
Nous pouvons de nouveau le transmettre à nos amies, sœurs, mères, enfants et compagnons de vie.
Et surtout honorer ce passage de vie de femme, quand le temps est venu pour nos adolescentes d’emprunter le chemin vers la femme pluri-elles.
Il en découlera un changement de rythme de vie et de mode de consommation dans notre société plus proche de notre véritable nature.
Ecrit par Maryline Cunat le 02/11/18
En savoir plus : (rajouter liens vers lune rouge , les trésors du cycle de la femme)
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